Combattez, avec nous, la fusion des communes !
Fusions de communes - Le hold-up "parfait" par Bernhard HUGO
E x t r a i t
Professionnaliser ? Circulez, Messieurs-dames les bénévoles !
« La complexité des problèmes que les communes doivent traiter nécessite un engagement toujours plus important ainsi que des compétences accrues. »
Avant d’aborder les soit-disant bienfaits promis par la professionnalisation des charges publiques, relevons tout d’abord le peu de cas qu’il est fait du travail énorme accomplis par les politiciens de milice, et du bénévolat qu’ils consacrent aux tâches communales.
En même temps que l’on continue de faire appel, de façon soutenue, au bénévolat dans de nombreux secteurs de la société, le pouvoir politique semble maintenant devoir être réservé à une élite de professionnels, excluant ceux qui se présentent encore au portillon. Plutôt que de valoriser cet engagement volontaire en essayant de trouver des solutions pour les épauler, en valorisant mieux leur fonction, en leur accordant de meilleures conditions de formation et en professionnalisant plutôt les tâches de l’administration, par exemple, on les élimine du jeu en souhaitant des politiciens professionnels.
Il s’agit d’un signal fort aux milliers de conseillers bénévoles : vous pouvez rentrer chez vous, les professionnels de la politique s’occupent de tout…
Aux critiques de perte de proximité entre les élus et les citoyen(ne)s dans le cadre des fusions, on oppose la « professionnalisation » souhaitée des futurs élus. Ceux-ci pourront « mieux » s’occuper des affaires communales, comme si le travail ne s’était pas fait correctement jusque là, que la commune n’avait été dirigée que par des « amateurs » incompétents. Pourtant, là où les fusions ont eu lieu, ce sont les mêmes souvent qui se sont présentés et ont pris la relève. Comme ils étaient moins pour les mêmes tâches qu’auparavant, ils ont forcément dû augmenter leur temps de travail. Avec, selon nous, un gros point noir : cette liberté dans la gestion de son activité n’est pas donnée à tous et la volonté constitutionnelle donnée à chaque citoyen de participer aux responsabilités dans une autorité de milice s’étiole. Et la pression à la fusion s’accentue.
Plutôt que de représenter un inconvénient, les nombreux politiciens de milice qui composent nos multiples autorités communales, sont autant de citoyen(ne)s qui prennent part au pouvoir avec un avantage incomparable : connaître chaque route, chaque chemin, chaque commerce, chaque ferme, chaque entreprise, chaque artisan, chaque école, chaque maison… Et lorsque ces diverses réalités sont abordées autour de la table du conseil, alors ces élus savent de quoi ils parlent ! cette connaissance du terrain, aucune structure technocratique ne saurait l’atteindre.
Autre contre-argument au souhait du professionnalisme : ce professionnalisme ne dépend pas de la taille d’une commune mais de l’engagement et du niveau de formation du personnel.
La volonté de « professionnaliser » les tâches de l’administration et des services communaux est également une conséquence de la conception purement économique de la gestion des communautés humaines. La commune doit se gérer comme une entreprise, telle est le concept.
La gestion du personnel se fait sur le modèle entrepreneurial; chaque employé est une pièce de la machine à mettre en place pour garantir la meilleure efficacité du système et s’il ne donne pas satisfaction, il est remplacé et/ou déplacé.
La nouvelle taille de la commune exige de nouvelles compétences que celui qui remplissait parfaitement sa fonction auparavant dans la « petite » commune n’a plus forcément. Et la nécessité de le remplacer par un « professionnel » devient rapidement une conséquence inévitable de la fusion et non pas une conséquence de la « petitesse » de la commune ! Ainsi, souvent à l’augmentation salariale impliquée par la professionnalisation de la fonction s’ajoute la gestion du problème humain du replacement de l’ancien employé, voire le chômage auquel il peut se trouver confronté.
Sans nier le bien fondé d’une rétribution correcte des élus qui investissent du temps dans un travail de gestion publique, il est un fait que la professionnalisation de l’exercice du pouvoir le constitue en une source de revenus. Dans le cas où des hommes et des femmes politiques seraient tentés de faire passer les intérêts de leur carrière avant les intérêts des citoyen(ne)s, on serait en présence d’une instrumentalisation du pouvoir politique.
Avec la professionnalisation on observe encore d’autres phénomènes :
1. L’auto-exclusion des profanes en politique ; les profanes étant ceux qui ne sont pas initiés, la société civile devient profane de la politique.
2. L’exercice de la politique dans un marché concurrentiel qui au lieu de rassembler, élimine.
Alors, va-t-on alors vers une augmentation forte des rémunérations et la professionnalisation d’élus qui vivent de la politique et pour la politique ? La question sensible des indemnités et du métier joue un rôle essentiel et détermine tout un ensemble de prises de positions et de stratégies.
Autre point, cette volonté de professionnalisation affichée depuis le début de la vague des fusions, qu’a-t-elle montré jusqu’à ce jour – encore une fois le bilan des fusions jusqu’à aujourd’hui scientifiquement mené manque cruellement – ? Nous l’avons dit, la plupart du temps, les élections consécutives à la création de nouvelles communes portent au pouvoir les mêmes élus, avec leurs mêmes qualités, leurs mêmes défauts, mais pour un travail bien plus conséquent. Quelle sera l’amélioration, la valeur ajoutée comme ils disent, de ce surcroît de travail ? Une pression supplémentaire sur les employés de l’administration…
Et rappelons :
La professionnalisation du personnel politique transpose toujours plus la logique économique (producteur / consommateur) au niveau politique : les électeurs deviennent des consommateurs de politique, les hommes politiques des producteurs de politique.
Table des matières
A propos 17
Préambule 19
Avant-propos 21
Page blanche ou cadre de vie? 21
Une sorte de stratégie du choc
Introduction 25
Vers le hold-up du siècle ? 25
Une déferlante politiquement correcte 29
Les 30 glorieuses ou les réformes dans le contexte de la guerre
Les 1er effets des concepts de « nouvelle gestion publique »
L’attachement aux communes des pays méditerranéens
Les nouvelles réformes territoriales françaises
Un quadrillage communal stable pendant 150 ans
Une mise en route inégale
Le coup de pouce de « l’encouragement aux fusions »
Tendance à la hausse depuis l’an 2000
Une évolution dans l’argumentation, tendance NGP
Les autorités aux avant-postes d’une stratégie volontariste
Evolution des fusions en Suisse romande 48
Au départ autoritaires mais encore ponctuelles
L’obligation rebute, essayons « d’encourager » !
…mais un encouragement constitutionnel
Des fusions « inéluctables » ? Reste à voir…
Du volontarisme à la « fusionnite »
La déferlante fribourgeoise 57
D’une solution ponctuelle à la mode contagieuse
De l’option à l’obligation
Les engrenages du processus
Neuchâtel, le canton des records
Les recours souvent balayés
Votation consultative ou droit de décision politique?
Elagage institutionnel total !
Les fusions, armes de destructions communales massives 73
Méthode Coué qu’aucun bilan ne vient contredire
Oubli d’une volonté d’analyse dès le départ?
D’où vient l’idée des fusions ? 81
Bases intellectuelles et économiques d’un concept
De la théorie à la pratique
Pour quelles raisons et quelle est la limite ?
La notion de « tâches communales »
Vers une hiérarchie des communes
Le transfert de tâches communales au canton
Des fusions rarement “volontaires”
Des fusions imposées d’en haut 93
Une idée pragmatique qui mine les communautés locales
Une réforme territoriale et administrative qui emporte tout dans sa mise en oeuvre
Les surfeurs de la déferlante « fusion »
Les outils d’une machine anti-démocratique 101
La préparation de l’entonnoir législatif: la technique du saucisson
La conjonction des lois et règlements
Les incitations financières
L’aide financière cantonale
A qui profite l’incitation financière ?
Débats autour de la péréquation : moins de solidarité cantonale pour plus de pression
Allocation de fusion contestable en comptabilité
La promesse d’une baisse d’impôts : un peu de glue pour les mouches
Bilan d’un leurre financier : Huit communes sur onze !
Un taux d’imposition systématiquement proposé à la baisse
L’introduction de la concurrence fiscale
Le revers de la médaille
Un mandat bien peu démocratique
Le lancement du projet de fusion
Les partenaires
Les outils à disposition des communes
Neutralité discutable des moyens en oeuvre
Les groupes de travail
Et l’intégration de la population ?
L’information de la population : « Communication » plutôt qu’information
Appliquer la collégialité au personnel communal…
Le combat linguistique
En guerre contre la démocratie ? une guerre larvée certainement
Information ou désinformation ?
Certains médias, des alliés de poids
Les conventions, outils de l’enterrement de toutes les promesses
Processus sans porte de sortie – Le problème du retour arrière
…et celui de l’abrogation des obligations décidées
L’urgence contre la réflexion
Sondages et manipulation
L’approche sociologique des opinions
Dénigrement de la résistance, voire menaces
Avis contraires ?
Est-il prévu un budget pour des opposants au projet de fusion ?
Le vote
La gestion des refus
Cent fois sur le métier tu remettras l’ouvrage!
Une perte nette à prix exorbitant 148
L’institutionnalisation du déficit de représentation
Représentation du citoyen
Représentation de la commune
Le problème de la période transitoire et des législatures suivantes
Que coûtent réellement les fusions?
Les administrations professionnelles sont plus coûteuses et plus anonymes.
Les petites communes gèrent mieux leur budget que les grandes
Les grands coûts viennent plus tard
Les coûts cachés
L’imposition d’un modèle de société 161
Croissance à tout prix 161
Ce qui est petit est-il insignifiant ?
Urbanisation de la société
Augmentation du risque sécuritaire
Concentration, centralisation : la vision d’une pensée unique
Un concept auto-alimenté
Toujours plus
Small is beautiful
Vision économique du monde 173
La Nouvelle Gestion Publique (NGP)
La transposition de la logique économique au niveau politique
Une commune se gère-t-elle comme une entreprise ?
L’attractivité fiscale, nouvel étalon du bien-être
Les argumentaires adeptes de la méthode Coué
L’autonomie communale 182
Un monde de prédateurs ?
Un peu de mathématiques autour de la nouvelle Belmont-Broye
Plus forts comment ? Et envers qui ?
Difficulté de trouver des candidats pour les charges communales 195
Le désintérêt pour la chose publique, vraiment ?
Le boomerang
Professionnaliser : Circulez, MM. Mmes les bénévoles ! 201
On prend les mêmes et on recommence…
Garantir une postérité à nos enfants
Proximité 209
L’inadéquation des territoires 211
Accroître les prestations à la population 214
Mise en commun des ressources… et des dettes 215
Les collaborations intercommunales 216
Rien ne change ? Si, tout change ! 225
Une démagogie naïve
Rien ne change, vraiment ?
Le nom et les armoiries
Vision globale du développement ?
Les autres standards de l’argumentation 230
Meilleures prestations, meilleures infrastructures et services plus efficaces
Harmonisation fiscale à la baisse
Composition et répartition des autorités
Le droit de cité et lieu d’origine
Le personnel communal
L’administration communale
Instauration d’une opinion de partis
Les règlements communaux
L’identité villageoise
Les sociétés locales
L’école, centre culturel du village et pas seulement…
Et le reste…
Un mariage d’amour ?!
Problèmes mal analysés, arguments faussés 251
Fusions, fausse solution à de vrais problèmes 251
Les arguments faussement convaincants
Limites de performance et mesures de réforme
Les charges liées
La fusion, pensée unique et unique solution
Faiblesse des études et des analyses
Les conseilleurs et les payeurs ?
La Suisse, un modèle de démocratie ? 265
Braderie dans le temple de la démocratie
Un amour modéré de la démocratie
Vous avez dit démocratie ? 267
Démocratie représentative et représentation proportionnelle
La perversion actuelle du concept et de la réalité démocratique
Les élections vident la citoyenneté de son sens
La dilution du pouvoir
51% contre 49%
La quête du quorum perdu
Volonté d’efficacité contre temps démocratique
Décentralisées et proches du citoyen
Les éléments fondamentaux du modèle helvétique
Fusion à tout prix – non merci!
L’assemblée des citoyen(ne)s (communale/primaire), cœur de la commune politique
La commune, communauté
La commune, fondement de la participation
La commune, lieu d’identification
La commune, cellule fondamentale du fédéralisme
La commune, premier niveau de la souveraineté
La commune, notre culture
Les avantages des petites communes
Les petites communes dernier rempart de la ruralité
L’amour du petit et de la convivialité
Alors, la Suisse peut-elle rester un modèle?
Démocratie, problème à régler ou cause à défendre? 295
La déresponsabilisation du citoyen
Les temps de crise
Stratégie vertueuse ou opportuniste ?
La culture de l’individualisme
La peur du changement
La foi aveugle dans le progrès
Retrouver le sens de la solidarité et du bien commun
Un amoncellement pléthorique de lois
Vraies questions et vraies solutions 313
Vraies questions 313
Du réflexe à la réflexion
Qu’est-ce qui est en jeu ?
La fusion réduite à des questions matérielles
Faire abstraction de la démocratie pour réaliser la fusion ?
Comment protéger et stimuler la démocratie?
Qu’est-ce qui peut favoriser la résilience des communautés locales?
Comment intégrer localement les problématiques mondiales ?
Comment développer la responsabilité individuelle, la solidarité ?
Mettre en place un dialogue gagnant-gagnant
Est-ce bien le bon moment pour promouvoir les fusions?
Pour sortir de l’entonnoir
Vraies solutions 320
La revalorisation de la milice
La parole aux citoyens
Le lieu de la parole : l’Assemblée Communale
Inventorier les synergies possibles sans détruire le noyau de base
Intégration de la population à tous les stades d’un processus de réflexion
Collaboration renforcée avec les voisines : La fusion reste une solution parmi d’autres
Préserver la démocratie directe
Une péréquation des moyens
Le service à la communauté
L’exemple d’une petite collectivité…
Un outil mal valorisé : L’Association des communes
Education civique renforcée
Arrosons notre jardin démocratique
Le rôle des députés
Epilogue 339
Retrouvons un peu d’objectivité
Changeons les règles du jeu !
Une réelle compensation démocratique est indispensable
Et ce bilan? Qui le fera?
Résistance 355
“Contre” pour l’équilibre
Comment ? Que faire ? 356
Analyse
Franches-Montagnes, je m’engage 363
Un combat emblématique, Asse-et-Boiron 377
Chavornay, jamais deux sans trois 384
Belmont-Broye, le hold-up illustré 385
Entre-deux-Lacs : record de remise sur le tapis 404
Annexes 405
Débat entre le Prof. P-A. Rumley et l’auteur
Repères chronologiques
Constitutions, lois et fusions
Conseils exécutifs et législatifs communaux (Suisse Romande)
A c h a t en l i g n e :

434 pages
ISBN – 978-2-8399-1873-2
Editions de l’Ermitage
Avril 2016